123456

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/03/2007

Programme janvier...

Mardi 16 Janvier à 18h00 à ROMANS

Samedi 27 janvier à 20h à Romans

  • "Femmes, hommes, pourquoi taisons nous nos servitudes ?"
  • Au café Alternatif "la Boucherie" 24, rue Pêcherie

Commentaires

Caféministe du vendredi 26 janvier
à La Boucherie Chevaline de Romans "pourquoi taisons-nous nos servitudes ?"

Une première étape a consisté dans un débat préalable sur la notion de « genre » ; échanges assez longs à démarrer mais qui ont à un moment réussi à être assez riches, chacun ayant une envie d’écouter celle ou celui qui avait une envie de parler.

Il me semble que de ces échanges, on peut retenir :

1- Un rappel tout à fait général mais indispensable de faire la différence entre le sexe biologique et le sexe social, ce dernier étant le « genre ». Le genre, c’est le « sexe social ».

2- Mais dans le « genre » il n’y a pas que cela. Sinon, un certain usage du droit à la différence permettrait de faire revenir sous la forme du « sexe social » ce qui aurait été pseudo-évacué dans le « sexe biologique ».

Le « genre » n’est pas seulement le résultat de la socialisation d’une différence biologique ; le « genre » n’est pas seulement la traduction « culturelle » d’une différence « naturelle » : sinon, le « genre » serait « acquis » alors que le sexe serait « inné ». Il n’y a pas seulement acquisition d’une différence car cette différence n’est pas du tout symétrique, car cette différence est une domination. Par le « genre » ne s’acquiert pas seulement une socialisation d’une différence, mais s’acquiert aussi la socialisation d’une domination : la domination d’un sexe sur l’autre.

Si le « genre » n’était qu’une « différence » alors il n’y aurait entre hommes et femmes qu’une « complémentarité » : or comme l’écrit très bien Erving Goffman dans L’arrangement de sexes : « le problème est que pour les femmes cette complémentarité signifie aussi une vulnérabilité, et au sentiment de certaines, une oppression » (p.107). Et comme il le remarque quelques pages plus loin : « dans la société moderne, et sauf en prison, les hommes qui refusent l’accès sexuel ne sont pas vraiment menacés de violence sexuelle ni de blessures physiques ; les femmes le sont » (p.112).

Ajoutons encore que cette socialisation d’une différence qui est la socialisation d’une domination est en même temps la socialisation d’une mystification – c’est par là que l’on se rapprochait du thème de la soirée – puisque cette domination qui n’est que sociale tend à se faire passer pour « naturelle » : la « norme » tend à faire passer comme « normal » au sens de « naturel », ce qui en fait est « normal » au sens de « normalisé » et « normatif ». Le « genre » tend à se présenter comme « sexe » ; le « sexe » cache le « genre ». Le « sexe » est un « cache-genre ».

3- Au travers des interventions personnelles des unEs, on a pu aussi se rendre compte que le « genre » est « général » : certes, il y a un grand intérêt à entendre et écouter des cas particuliers mais cela ne pourra pas permettre de réfuter et de refuser un schéma général de socialisation qui est à la fois domination et mystification.

On peut regretter que nous n’ayons pas eu le courage et le temps d’aller plus loin pour en arriver au cœur du thème posé : l’acceptation par les genres des servitudes de genre.

Je me permets de suggérer que, dans cette suite de la discussion, deux types d’étude auraient pu être fort utiles :
– celle qui, bien longtemps après le Discours sur la servitude volontaire de La Boétie, permet de réfléchir à la « soumission volontaire » : en particulier le Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens de Beauvois et Joule qui s’appuie sur la théorie de la « dissonance cognitive » : quand on ne peut mettre ces actes en conformité avec ses principes (= quand il y a « dissonance ») alors, quand on constate que l’on vient d’agir en contradiction avec ses principes, plutôt que de se donner tort, chacun préfère renier ses principes (« il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis », dit-on dans ce cas) et accorder ses principes avec ses actes. Et ainsi de petits compromis en petites compromissions, chacun se met non seulement à accepter ses servitudes mais à les justifier, non seulement à ne plus les cacher mais à les revendiquer.
– Les travaux de Robert Axelrod qui étudie le « dilemme du prisonnier » quand il est réitéré. Comment se comporter dans une situation de servitude qui n’est pas exceptionnelle mais ordinaire, répétée.

Débats à poursuivre.

Michel Lepesant

Écrit par : Françoise | 30/01/2007

Juste comme ça, quelques propos que j'ai pu tenir sur un site communiste, à partir de la discussion sur communisme et féminisme. Ce qui suit est la somme de deux courts textes.

---------------------------------------------------------------

Se mettre d'accord sur ce qu'on met derrière les notions devrait permettre de se comprendre.

Je précise, en premier lieu, que je suis assez engagé du côté du féminisme et intellectuellement héritier du féminisme qu'on appelle radical et matérialiste. Cependant, le féminisme est le mouvement des femmes. Je suis donc un garçon proféministe. Il existe d'ailleurs un mouvement européen des hommes proféministes.

Le féminisme est un mouvement de lutte qui a notamment des développements intellectuels. Ces développements intellectuels peuvent être très contradictoires ; il y a grand écart entre le féminisme essentialiste et le féminisme qu'on voudra plus matérialiste.

L'antisexisme est un programme d'action contre le sexisme. Si donc le communiste doit soutenir le mouvement féministe, il doit par contre avoir un programme d'action antisexiste. Si l'on considère que le sexisme est toute action générant (c'est-à-dire produisant) de la différence sociale entre les garçons et les filles, il y a lieu de "dé-générer" ces différences.

Il est évident qu'il y a derrière cette proposition l'idée que les différences aujourd'hui constatées entre les hommes et les femmes sont produites par des constructions sociales et non un quelconque produit biologique. Mais d'où vient cette idée ?

Le féminisme a posé, dans un premier temps de lutte, qu'il y a des sexes biologiques (sexe) et qu'il y a des sexes sociaux (genre) et cela a été particulièrement utile aux luttes et à la construction théorique ; il y a en effet eu un travail de dé-construction re-construction.

Ensuite, un courant du féminisme matérialiste a tenté de faire une lecture du genre avec les mêmes outils conceptuels que ceux du matérialisme dialectique. Et quel a été le constat ? Qu'il n'y a pas qu'un problème de valeurs et de représentations du féminin et du masculin, mais que ces valeurs étaient produites par des rapports sociaux d'exploitation des femmes par les hommes. Ce système, appelé patriarcat, est un système qui oppose hommes et femmes ; ils et elles ont des intérêts opposés, contradictoires mais non dépassables tant que serait considéré que "les hommes sont" et que "les femmes sont".

Or ce "les hommes sont" et ce "les femmes sont", ce n'est plus seulement le genre mais c'est aussi le sexe. Ce qui est en cause n'est pas seulement le genre mais aussi le sexe qui, si on y regarde de plus près, n'est pas d'abord sexe mais d'abord genre. Pour le dire autrement, c'est le genre qui construit le sexe. Et toute l'analyse historique du rapport à la question du sexe biologique montre quoi ? La biologie, et la lecture qui est donnée de faits de nature, a toujours été au service des représentations sociales du monde construites dans des rapports sociaux.

Le sexe biologique est "le problème" et ce n'est pas seulement le genre qui est problématique. Je suis pour un dépassement radical et, on l'aura compris, je m'autorise d'aller très très loin aussi sur cette question. Ce n'est donc pas en rabattre sur les prétentions que de laisser le féminisme aux femmes et ce n'est pas en rabattre sur les prétentions que de faire porter la radicalité sur 'l'antisexisme" puisque c'est bien là qu'est l'enjeu, de la même manière que pour être radicalement anticapitalisme il conviendra bien de faire sauter le rapport social du salariat.

A propos de féminisme et d'antisexisme, car ce point est de toute première importance pour le mouvement communiste.

Le féminisme est le mouvement des femmes. Il convient de ne pas déposséder le mouvement des femmes de leur lutte qui est multiforme, hétérodoxe... Pour le dire autrement, ce n'est pas au communisme de distribuer des bons points au(x) mouvement(s) des femmes.

Par contre, dire que le communisme doit être antisexiste est une nécessité. Toute action générant des différences entre hommes et femmes est une action sexiste. Toute action dégénérant les différences entre hommes et femmes est une action antisexiste.

La mise entre des guillemets du terme de race par certaines personnes indique qu'il y a discussion sur l'existence de races. Il y a pourtant bien des racistes qui font exister ces races. Il faut donc oser questionner le terme de sexe dans la même démarche intellectuelle que celle qui questionne la race et de poser le problème qui suit : ce sont les sexistes qui font exister les sexes.

Enfin, je rappellerais simplement que le patriarcat n'est pas un système de valeurs masculine et féminine, mais un rapport social très concret d'exploitation devenu système.

Écrit par : Pierre FRITSCH | 24/03/2007

Les commentaires sont fermés.